Véronique Sanson – Album « Dignes, Dingues, Donc… »

 

A 67 ans, Véronique Sanson nous revient avec Dignes, Dingues, Donc…, son nouvel album studio. Celle, qui a connu ses premiers succès en 1972 avec des titres comme Amoureuse ou encore Besoin de personne, nous offre un album enjoué, tinté de bonheur et d’envie de vivre.
 
L’album commence par Dignes, Dingues, Donc…, chanson-titre de l’album. La musique et les paroles sont de Véronique. Le ton est donné, musique entrainante, paroles fortes. Véronique condamne la religion « Pas de fric, pas d’église, j’veux pas d’ces tutus-là. » On adore, on aime aussi et surtout le refrain « Fais pas ci, fais pas ça, la Terre te mangera… » Il n’y a pas que « l’enfer qui jubile ». Il y a nous aussi.
La seconde chanson, Docteur Jedi et Mr Kill, est signée par Véronique pour les paroles, et par Christopher Stills, son fils, pour la musique. Véronique parle de remords, ceux d’une femme qui a tué son amant, mais en même temps « c’était pas de la tendresse qu’il donnait ». C’est rare d’oser parler d’un thème comme celui-ci, encore plus quand c’est la femme qui « Sans états d’âmes, (…) a levé le poing. » Peut-être qu’avec son histoire, notamment avec le père de son fils, seule Véronique peut oser parler de violence conjugale dans ses chansons avec toute la subtilité qu’il faut pour en faire une belle chanson.
Et je l’appelle encore est la troisième chanson de l’album. Utilisé comme premier single, Véronique nous parle de sa maman, partie il y a déjà 10 ans. La mélodie est magnifique et on s’étonne même de voir qu’elle n’est pas de son cru, mais de celui de Mehdi Benjelloun, son choriste sur scène et en studio. Comme quoi quand on travaille depuis longtemps avec une grande compositrice, on se met aussi à faire des choses sublimes. Les cordes sont signées de Franck Monbaylet, arrangeur et compositeur peu connu (pour l’instant) malgré tout son talent. La voix de Véronique est vraiment belle même si son vibrato inimitable n’est pas trop présent. Véronique dit des choses vraies et c’est ça qui la rend presque parfaite. « J’pensais pas pouvoir le faire sans avoir appeler ma mère d’abord… », comme quoi quel que soit l’âge que l’on a, l’amour et la présence d’une mère est indispensable. Véronique nous parle des moments où elle avait « le goût des étincelles », on peut se demander si elle en a encore, et la rassurer en lui disant que cette chanson en est une.
La quatrième chanson est Ces moments-. Véronique devient vraiment positive dans sa manière de voir la vie « Dans ces moments-là, c’est la vie qui donne (…) une envie de vivre ». On a envie de bouger et on imagine déjà la folie qui prendra le public en concert. Cette jolie ode à la vie où elle ne pense « qu’à l’aimer » est signée par l’un de ses plus fidèles collaborateurs, Bernard Swell.
L’écume de ma mémoire est la cinquième chanson. Cet album est bel et bien familial puisque si Véronique en a signé une partie des paroles, l’autre partie est de sa sœur, Violaine Sanson-Tricard, qui compose également la musique. Le début est un peu bizarre avec une sensation de voix un peu modifiée mais le rythme jazzy colle ensuite vraiment bien à la voix de Véronique, qui est accompagnée de la guitare du surdoué Thomas Dutronc. Avouons-le, c’est la chanson qu’on aime le moins pour l’instant… mais bon au bout de la cinquième chanson, il en fallait bien une !
Signée en totalité par Véronique Sanson, Des X et des I grecs, sixième chanson, montre le retour des démons de Véronique. La chanson débute par « Je suis tout ce que je déteste ». On avoue, on n’est pas très gentil, car quand Véronique se laisse prendre par ses démons, on a presque toujours des magnifiques chansons. Oui, presque, par qu’ici, le rythme change par moment et cela est plutôt perturbant. La diction est parfois trop rapide et tout cela fait que la chanson est un peu moins belle que ce à quoi on s’attendait.
Sans foi ni loi est la septième chanson de l’album et la dernière que Véronique Sanson signe seule dans son intégralité. Elle signe aussi l’une des plus belles. Elle dénonce les histoires d’amours destructrices « Je t’ai regardé m’assassiner, sans compassion ni vanité… ». Elle sait de quoi elle parle, d’ailleurs on peut supposer qu’elle nous parle un peu de son histoire avec Stephen Stills, le père de son fils. Et c’est sûrement pour ça qu’elle finit par dire que l’histoire « reste un bijou ». Tout comme cette chanson.
La huitième chanson s’intitule Zéro de conduite et Zaz accompagne Véronique sur cette chanson. La mélodie, de Medhi Benjelloun, est sympa. Les paroles, de Véronique, sont sympas aussi. Comme elles le chantent « C’est sympa tout comme le nougat… », mais ça s’arrête là…
Et s’il était une fois est la neuvième chanson. Écrite par Véronique et composé par Dominique Bertram (lui aussi un fidèle depuis longtemps), Véronique s’initie à la Bossa Nova et ça lui va plutôt bien. On aime quand elle nous dit qu’ « On a tout le temps de faire la fête ». Véronique Sanson n’a jamais eu peur de dire la vérité, « C’est pas pour rien qu’on est sur Terre ». Et d’ailleurs, elle ose même un « T’as de la chance d’être avec moi ». Et c’est vrai, et nous aussi. C’est vrai qu’on est vraiment chanceux de pouvoir écouter une chanson qui apporte fraicheur et joie. C’est vrai qu’on a de la chance d’écouter un album vraiment très bon.
La loi des poules est la dernière de l’album. Elle fait un peu penser à une chanson pour enfant dans la lignée d’Émilie jolie. Est-ce pour ces petites filles pourtant déjà grandes qu’elle l’a écrite avec la complicité de Dominique Bertram ? Peut-être, peut-être pas. En tous cas, ils ont bien dû bien s’amuser à l’enregistrer, et nous on rigole bien en l’écoutant notamment avec « La loi des poules qui font le tapin ». On a quand même envie, avouons-le, qu’elle se finisse rapidement pour retourner écouter les autres.
Avec ce nouvel opus, Véronique Sanson nous prouve une fois de plus, comme si c’était encore nécessaire, tout l’immense talent qu’elle a que ce soit en tant qu’auteure, compositrice, et interprète. Elle nous montre aussi qu’avec l’âge, il est bon de décider d’être heureux plutôt que de voir tout en noir à chaque embûche que la vie décide de mettre sur notre chemin. Elle n’oublie pas de s’entourer de gens qui la connaissent et qui l’aiment, autant dans sa vraie famille que dans sa famille artistique. Tout cela donne un excellent album… mais, entre nous, quand quelque chose est signé Véronique Sanson, ce quelque chose est souvent, toujours, excellent…
 
A écouter, réécouter, à danser, à aimer…