Céline Dion – AccorHotels Arena – Paris – 2016

C’est à l’AccorHotels Arena, anciennement Bercy, que Céline Dion a donné rendez-vous à ses fans européens, pour une série de 9 shows à guichets fermés. Cette mini tournée européenne aura commencé quelques jours auparavant, pour deux dates, à Anvers en Belgique.
Sur une scène sans réel décor, aux nombreux écrans géants, et d’une lignée d’immenses bâtons lumineux qui s’éclaireront de temps à autres, Céline est accompagnée d’un petit orchestre symphonique et de ses musiciens habituels de Las Vegas. Tout ce beau monde est dirigé par la main de maître de Scott Price, son nouveau directeur musical.
Le concert, qui sera avant tout un hommage à son manager et époux, René Angélil, décédé en janvier dernier, commence avec quelques notes d’une de ses premières chansons Trois heures vingt. Les paroles défilent sur un écran géant déroulant, Céline n’est pas encore visible, seule sa voix s’entend mais l’hystérie est déjà là. L’écran s’enroule et Céline apparaît pour une première longue acclamation. Elle en profite pour remercier ses fans pour leur présence, leurs mots et leur soutien de ces derniers mois. Elle espère aussi qu’on aime sa tenue, puisqu’elle ne sortira pas de scène pour en changer, afin de profiter, dit-elle, de nous chaque seconde (sa tenue sera différente le dernier soir). Puis, elle chante son nouveau single Encore un soir que seul Goldman, qu’elle remercie pour toutes les belles chansons qu’il lui a offerte, pouvait écrire d’après elle.  Je crois toi suit.
Céline chantera effectivement et essentiellement son répertoire français, retraçant, dans le désordre, son immense carrière de plus de 35 ans. L’ambiance augmente au fur et à mesure, Qui peut vivre sans amour, et Immensité se succèdent. Ses chansons seront les seules rescapées de ses deux derniers albums français, qui n’ont pas connus les mêmes succès que les précédents. Les albums les plus chantés seront S’il suffisait d’aimer et Une fille, quatre types. C’est d’ailleurs de cet album qu’est tirée la prochaine chanson Et je t’aime encore. La voix est là, forte, puissante, enivrante et se fait de plus en plus belle. Avant le refrain, le public l’acclame. Imaginez-vous, Céline Dion qui vous dit qu’elle vous aime, qu’elle vous aime encore. Forcément, le public devient fou, et bien sûr, Céline est émue, elle sourit, elle demande encore des cris du public, que doit-elle dire ensuite se demande-t-elle tout haut… Ah oui, c’est vrai « Je t’aime encore ». Et comme si cette euphorie ne lui suffisait pas, à peine la chanson terminée, on devine la suivante, sa plus connue, le plus grand succès francophone. Alors qu’on aurait pu l’imaginer en chanson de rappel, comme c’était souvent le cas, Céline décide de nous chanter Pour que tu m’aimes encore à peine au bout d’une demi-heure. Et, elle n’est pas la seule à chanter, puisqu’elle est suivie par chaque personne ayant une place ce soir-là. Tout l’AccorHotels Arena chante avec elle. Chaque mot, chaque murmure, chaque souffle est repris avec elle. Céline fait d’ailleurs chanter son public sur le dernier refrain.
On pense donc avoir déjà vécu les meilleurs moments d’intensité du concert. C’est mal connaître Céline Dion, tant elle aime son public, tant elle aime être sur scène, tant elle aime montrer qu’elle nous aime. Elle enchaine avec Terre, aux rythmes entrainants, mais un peu réchauffé de son dernier show de 2013. Elle veut nous faire plaisir dans le choix des chansons dit-elle, mais, elle veut aussi se faire plaisir de temps en temps et nous surprendre, alors elle a amené avec elle des chansons peu connues qu’elle aime infiniment, comme la prochaine chanson, qui sera aussi sur son futur album. Il s’agit d’Ordinaire, de Robert Charlebois (aux paroles remaniées). Nous aussi, nous aimerons cette chanson infiniment après sa version, puisque celle-ci sera tout simplement extraordinaire, un peu comme chaque reprise qu’elle fait… comme All by myself par exemple, qu’elle ne chantera pas ce soir, et finalement, qui ne manquera pas. Non, ça ne manquera pas, car Céline Dion n’a plus besoin de tenir cette note pendant de longues secondes pour montrer, pour prouver l’immense et la parfaite interprète qu’elle est. Non, après un concert comme celui-ci, elle n’a, clairement, plus rien à prouver sur tous ces talents qui l’animent.
Adossée ensuite au piano, elle chante Ziggy. Elle aurait pu clairement s’en passer parce que l’album Dion chante Plamondon compte des chansons beaucoup plus belles et intenses que celle-ci. Sincèrement, si Céline voulait rappeler que Goldman n’était pas son seul grand parolier, que d’autres étaient passés par là bien avant lui, notamment Plamondon, elle aurait pu en choisir d’autres de celui-ci. Il lui a écrit des chansons beaucoup plus belles et intenses que celle-ci, ne serait-ce sur son dernier album avec Que toi au monde. Puis, la première chanson en anglais de la soirée est chantée. Because you loved me, chanson du film Personnel et Confidentiel ramène la ferveur un peu diminuée par Ziggy, et l’euphorie collective se ressent à nouveau. Pour se faire aimer un peu plus, pour sentir encore plus proche de son public, Céline lui fait chanter la dernière phrase, et là encore, tout le monde chante à l’unisson. Dans un medley, elle reprend ensuite, comme durant son show à Las Vegas, It’s all comimg back to me now et The power of love. Le public s’enflamme de plus en plus, et l’ambiance ne retombera pas malgré une chanson un peu trop calme ensuite avec Le vol d’un ange.
Céline revient au piano et à Plamondon avec le sublimissime L’amour existe encore. Puis, elle nous avoue qu’elle est chanceuse, car même si elle ne peut pas venir avec toute sa famille en France, elle a sa seconde famille avec elle que sont ses musiciens, qu’elle ne présente pourtant pas. Elle en rejoint certains au milieu de la scène pour un petit medley acoustique qui commence sur une anecdote autour d’un feu de camp avec sa famille et des chamallows (en reprenant le slogan de la marque). Tout au long des différents shows, des petits rituels se seront installés entre elle et le public, si au premier concert, elle nous parle juste qu’elle adore les chamallows grillés (les mâchemâlos en Québécois), elle finit sur les derniers concerts par lancer des chamallows, que son percussionniste lui aura donnés, aux premiers rangs du public. Durant ce medley, où elle nous précise qu’allumer un feu n’est pas nécessaire car on est déjà très chaud, elle reprend Apprends-moi, Tous les secrets, Ne bouge pas (qui se transforme en karaoké géant), et Valse Adieu a capella avec ses trois choristes. La seconde chanson est peu connue, puisque ce n’est pas qu’un single sorti comme ça en tant que chanson du film Astérix et les Vikings. Cette chanson a donc peu d’intérêt, mais Céline se rattrape avec les autres du medley.
Céline enchaine ensuite Tous les blues sont écrits pour toi, Dans un autre monde. Puis, Céline, n’ayant jamais peur du ridicule, nous avoue que l’émission favorite de son mari était New York Unité Spéciale et qu’il était fan du générique. Alors pour continuer dans ce spectacle hommage, elle a demandé à son directeur musical de trouver une chanson où les premières notes du générique pouvaient être jouées. Comme le public lui fait entièrement confiance, elle entame sans crainte Naziland, un autre extrait de Starmania. À la fin de la chanson, toute la scène s’illumine en violet pour un vibrant et délicat hommage à Prince, avec Purple Rain, où elle demande au public d’allumer ses lumières (de portable) puisqu’elle est persuadée que cela fera des heureux là-haut. Love can move mountains, suivi de River deep mountain high sont chantées. Là encore, le choix est un peu facile, puisque ces chansons sont toujours à l’affiche de son spectacle à Las Vegas. D’autres chansons, tout aussi rythmées, auraient mérité d’être prises, comme Taking chances ou Loved me back to life, dont les albums ont été totalement oubliés, alors que ce sont pourtant ses plus récents.
Elle finit avec son dernier single anglais qui n’est autre que The show must go on, version symphonique bien sûr. Alors que le public est debout, qu’il danse et saute dans tous les sens, Céline quitte pour la première fois la scène.
Quelques instants plus tard, les premières notes de My heart will go on (la chanson qu’elle aime car le public l’aime) retentissent. Toutes les lumières s’allument à nouveau pour accompagner cette voix immense. Dans un dernier recueillement, pour condamner la violence et la haine qui ont pris trop de place ces derniers temps dans le monde, elle interprète S’il suffisait d’aimer. Elle portera le maillot de l’équipe de France de foot lors du dernier concert.
La fin du spectacle est là. Le public le sait, elle le sait. Le public hurle encore son amour, applaudit et l’acclame. Elle en profite, elle en redemande. Et puis, elle recule vers le fond de la scène, rapproche le micro de sa bouche, comme pour un dernier souffle, et murmure (avec une maitrise déconcertante de sa voix malgré l’émotion qu’on peut lire dans son tendre regard), quelques mots de Vole. Et, quand elle lui dit d’aller rejoindre la lumière, celle des projecteurs s’éteint. Céline est partie.
Le concert est fini. Une dernière photo apparait, Céline enlaçant René que l’on voit de dos. L’hommage est fini lui aussi. Place à la nouvelle vie, une vie sans lui mais remplie de souvenirs impérissables. Une vie sans lui mais une vie tout simplement.
Durant ces 9 soirs, alors que la vie ne lui a pas souri en début d’année, en lui prenant à quelques jours d’intervalle, son mari et l’un de ses frères, Céline nous a offert de l’amour, de l’émotion, des rires et quelques larmes. Céline nous a offert ce que l’on recherche tous dans la vie : des instants de bonheurs.
Une Céline Dion exceptionnelle pour des retrouvailles éblouissantes. Au sommet de son art, elle nous a offert son meilleur concert. Et, il était là.