Pour le quarantième anniversaire de la disparition du grand Jacques Brel, Maurane avait décidé de lui rendre hommage, en chansons, bien évidemment. Elle concoctait donc fièrement un album et en avait fait l’annonce à la mi-mars sur son compte twitter. Début mai, 14 maquettes avaient déjà été enregistrées et elle retrouvait aussi le bonheur d’être sur scène après deux années loin du public. Oui, mais voilà, c’est aussi début mai que la vie en décida autrement, puisque Maurane nous quitta le 7 mai au soir.
Alors, Lou, sa fille unique, et Philippe Decock, son pianiste, décidèrent de mener à bout le projet de Maurane et de nous offrir cet album hommage sorti le 12 octobre dernier. On ne saura pas vraiment ce qui a motivé Maurane dans le choix des chansons, et au final cela importe peu. L’album reprend essentiellement les thèmes chers autant à l’un qu’à l’autre, c’est-à-dire l’amour, ses désillusions, ses déchirements, ses bonheurs et le temps qui passe. Si on aimera un peu moins ses reprises de Rosa et Vesoul, à la rythmique peu simple, on se laissera envahir d’émotions par ses déchirantes interprétations avec Quand on a que l’amour, La chanson des vieux amants, La quête ou bien encore Voir un ami pleurer. On se laissera aussi attendrir par la douceur de son interprétation sur Je ne sais pas, La ville s’endormait et le très joli Orly, et on la remerciera aussi de nous faire connaître ses quelques merveilles moins connus de Brel.
L’album, de 12 titres, se termine par Ne me quitte pas. Les larmes roulent forcément sur les joues. Est-ce un message d’amour de sa fille envers elle que de mettre cette chanson en dernier ? Est-ce notre message d’amour à Maurane ? Ou était-ce le choix de Maurane elle-même il y a quelques mois de clôturer l’album ainsi sans savoir l’écho amer que ce texte a maintenant ? Peu importe là aussi, ce « Ne me quitte pas » termine un album sensible, riche d’émotions et de tendresses, un album généreux, portée par une voix poignante et prodigieuse. Un album à l’image de son interprète.
Merci donc à Lou de tenter de panser sa plaie en nous donnant encore un peu de sa maman. Merci à son pianiste d’avoir mis si joliment en valeur la voix de Maurane. Merci à Jacques Brel d’avoir écrit de si belles chansons qui résonnent de manière encore plus belle par la voix de Maurane.
Et surtout, merci à Maurane d’avoir eu cette belle idée qu’est de reprendre Brel, et de nous laisser l’aimer encore un peu plus éternellement…