C’est l’histoire de Terrence, pion et amoureux d’histoire, qui prend un peu en pitié Malik, un élève de cinquième… de 32 ans repiquant pour la 20ème fois. Entre dates historiques et mimes rocambolesques, on se laisse entrainer par leur douce folie. On rit du début à la fin, et on en redemande. Si tous les profs d’histoire nous contaient l’histoire de France ainsi, gageons qu’on se souviendrait tous de cette fameuse date « 1515 ». Un sans-faute dans l’écriture et dans l’humour. Un 20/20.
Juste avant les vacances, Nicolas (alias Terrence) et Farhat (alias Malik) ont accepté de répondre à mes questions…
Histoire d’en connaître un peu plus sur vous, pouvez-vous me raconter vos parcours respectifs ?
Farhat : J’ai fait, durant 4 ans, le cours Florent. J’ai ensuite beaucoup joué avec des gens rencontrés au cours Florent. Je me suis vraiment axé sur le théâtre, mais je me suis rendu compte que dans ce métier, il faut avoir un agent. Pour cela, j’avais besoin d’une image, et de jouer dans des courts-métrages. J’ai donc laissé tomber le théâtre pour le cinéma. J’ai fait plusieurs courts-métrages, afin de réaliser une bande démo à présenter à un agent. Maintenant, j’en ai un et cela m’a permis, par exemple, d’écrire cette pièce avec Nicolas, et de me remettre au théâtre.
Nicolas : Pour moi, c’est à peu près comme Farhat, sauf que je ne suis pas parisien, mais de la Drôme. Je suis monté sur Paris en 2000 pour aussi faire le cours Florent, un peu avant Farhat. Après je n’ai pas fait du tout du cinéma, mais vraiment essentiellement que du théâtre, sur le même principe qu’aujourd’hui.
Le théâtre, c’est depuis toujours que vous avez eu envie d’en faire ou c’est venu comme ça, par opportunité ?
F : Non, ce n’était pas une envie à la base. Je pense que c’est plus les gens qui m’y ont amené. Je suis quelqu’un de très ouvert, qui aime bien rigoler, et c’est vraiment les gens autour de moi qui m’assimilaient à un comédien. Ils me disaient que je devrais faire du théâtre car ça m’allait bien. Alors le jour où j’ai entendu parler du cours Florent, j’ai essayé, et c’est en essayant que je me suis rendu compte que c’est là où je me sentais le mieux.
N : Là aussi, c’est un peu comme Farhat. Je ne pensais pas du tout au théâtre au départ. Quand je suis monté sur Paris, je voulais faire du cinéma, j’ai d’ailleurs passé le concours de la FEMIS. Je ne l’ai pas eu car à part regarder des films, je ne m’y connaissais pas vraiment en matière de cinéma. Je me suis inscrit au cours Florent, plutôt par défaut du coup, dans le but de plus tard repasser le concours. Je m’étais dit qu’il était intéressant pour moi d’étudier ce que je pourrais demander aux acteurs quand je serais réalisateur. Et au final, en découvrant le théâtre, après le cours Florent, je ne suis jamais revenu vers la réalisation ou le cinéma.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
N : On a fait tous les deux le cours Florent, mais on ne s’y est jamais croisé. C’est ensuite, par une amie commune, avec laquelle on avait le projet de monter une compagnie, qu’on s’est rencontré en 2006. Ce fut d’ailleurs un peu les prémices de « Terrence & Malik » avec cette compagnie, puisque le duo que l’on jouait à l’époque était moi en Capitaine et Farhat en Arlequin, un peu sur le même principe que pion et élève de maintenant.
Comment est venue l’idée de faire ce spectacle ?
N : Cela va bientôt faire 10 ans qu’on se connait. On était dans une même compagnie qui s’est arrêtée au fur et à mesure par manque de projet. On a continué à se voir pour travailler ensemble.
F : L’idée est venue après un sketch d’improvisation. En fait, une fois par semaine, on travaillait ensemble avec une caméra et un thème d’improvisation.
N : On voulait faire chacun de notre côté faire un one-man show, alors on s’est dit pourquoi on ne jouerait pas tous les deux ensemble car on adore ça. C’est comme ça que le duo « Terrence & Malik » est né. Puis, dans la foulée, on a écrit les sketchs.
F : Un jour sur un sketch, Nicolas me dit « 1515 », et je ne connaissais pas. Pour lui, c’était honteux de ma part de ne pas connaître la date la plus facile de l’histoire de France.
N : C’est vrai que j’étais persuadé, dans mon côté un peu intello, que tout le monde savait ça, alors qu’au final, je me suis rendu compte avec le spectacle que la moitié des gens ne savent pas. Le spectacle est un peu venu d’une boutade entre nous. Le duo au départ n’était pas du tout axé sur l’histoire et puis après ce premier sketch « 1515 », d’autres sont venus, et le spectacle est né. On reprend aussi un peu le concept du « on apprend des choses à l’école », mais est-ce qu’on s’en souvient vraiment après, est-ce que ça a une réelle importance de savoir tout ça ? 1515 est un bon exemple.
Depuis combien de temps la pièce tourne-t-elle à l’Alambic ? Vous visez une autre salle pour la rentrée ?
N : On a commencé début août l’année dernière, cela fait donc un an. Après les vacances, on va encore faire 6 mois. Alors, évidemment, pour n’importe quel spectacle, l’envie de franchir des étapes est là. A l’Alambic, on a été accueilli à bras ouverts. J’y avais déjà joué pour une autre pièce, c’est d’ailleurs de cette manière que j’ai connu l’Alambic. On a fait quelques dates de Terrence & Malik dans une autre salle avant. Ils sont venus nous voir, ça leur en plu. En août dernier, avec l’été, il y avait moins de pièces, donc une place pour nous dans la programmation. C’est vrai que l’objectif pour tout le monde c’est de porter le spectacle, de trouver un théâtre plus central, pour aussi gagner en popularité.
Le moment le plus drôle pour vous durant le spectacle, c’est quoi ? Quand vous interrogez le public ou quand Malik se prend pour Ravaillac ?
N : Effectivement, le moment Ravaillac est un de mes préférés, avec le délire des spectateurs qui se mettent à hurler et se prennent pour le peuple de l’époque qui veut déchirer un pauvre type. Je trouve ça super, même les enfants s’y mettent et ils adorent. J’adore aussi quand on fait 1515, entre le pion qui raconte et l’élève qui mime. Je pense que ce sont des moments forts dans le spectacle. En tous cas, c’est ceux dont nous parle le plus le public après.
Vous avez déjà une autre idée de spectacle ?
F : Oui, on a plein d’idées. On les évoque comme ça, mais pour l’instant rien de précis.
N : Notre premier projet c’est la pérennité du spectacle. Les gens nous proposent de faire une histoire de France n°2 par exemple. Avant de se lancer là dedans, il faut déjà que le premier spectacle marche. Pour qu’un spectacle décolle vraiment, il faut deux ou trois ans.
Terrence & Malik, c’est par rapport au réalisateur du même nom ou pas du tout ?
N : Oui et non. Y’a un p’tit clin d’œil, mais c’est surtout parce que ça sonne bien, ça raconte bien la mixité du duo. Et, en même temps, Terrence Malick, il a l’avantage d’être connu sans être connu. Un cinéphile connait, mais les gens lambda ont sûrement vu ses films sans savoir qu’il en est le réalisateur.