Céline Dion à Bercy, c’est l’événement musical de l’année. 5 ans que la diva n’était pas revenue en France pour y faire des concerts. L’an dernier, elle était venue pour la promotion de son dernier opus en français Sans attendre. Fort du succès de ce dernier, entre deux shows à Las Vegas et un unique à Québec, Dion et son équipe ont monté un spectacle pour 2 dates à Anvers (Belgique) et 7 à Paris-Bercy quelque peu différent l’un de l’autre. Son retour sur scène étant si attendu par ses fans, les places (aux prix assez élevés et pas forcément justifiés suivant l’emplacement) se sont vendues comme des p’tits pains et les 9 concerts étaient complets.
Des écrans géants en guise de décors au fond de la scène frontale, et un de chaque côté de la scène en hauteur, Céline rentre en scène, a capella, sur le refrain de « Je ne vous oublie pas » dans le noir le plus total. On n’entend que sa puissante et magique voix, sur laquelle elle va miser toute la soirée et nous éblouir grâce à elle. Puis, la musique et les lumières explosent avec les premières notes de Dans un autre monde. Le ton est donné, Dion chantera essentiellement les chansons que Jean-Jacques Goldman lui a offert, premier bémol du spectacle. Goldman a certainement largement participé à son immense succès en France, mais d’autres l’ont aidée à débuter et à s’imposer ailleurs qu’en France, comme Eddy Marnay, et ils auraient mérités à ce que leurs chansons soient aussi chantés dans ce spectacle qui se voulait comme un récapitulatif de sa carrière, surtout francophone. Dion alterne donc les chansons de Goldman en revisitant tous leurs albums et quelques unes de son dernier opus. Parler à mon père et Qui peut vivre sans amour, respectivement 1er et 3ème single sont chantés. Bonne idée d’avoir enlevé de la playlist d’Anvers Le miracle qui aurait fait retomber l’ambiance de folie durant la quasi-totalité du show. Céline bouge dans tous les sens, à gauche, à droite, au milieu. Tout le monde peut profiter de ses mimiques, de ses pas de danses, de sa gestuelle qui font qu’elle est Dion. Les écrans géants aident aussi, c’est vrai. C’est une show-woman, elle sait nous parler pour nous rendre heureux : « Si on reprenait là où on s’était laissé la dernière fois », histoire de nous dire qu’au final, on ne s’est jamais vraiment quitté. Dans cette première partie, elle nous offre deux chansons en anglais : It’s all comming back to me now, et The power of love, en medley comme à Vegas. A chaque fin de partie de spectacle où Céline sort pour se changer (la troisième tenue est d’ailleurs assez particulière…), ses musiciens nous offrent des solos dignes des plus grands comme avec Je crois toi et Je sais pas. Ils auraient d’ailleurs mérités que Dion les présente comme elle avait l’habitude de le faire lors de ses anciens shows, en imitant les instruments avec sa voix. La complicité avec ses musiciens, certains le sont depuis plus de 20 ans, se serait mieux fait sentir.
La seconde partie débute par des images de ses enfants et l’interprétation du sublime La mer et l’enfant de Grand Corps Malade, puis par un hommage à sa mère avec Celle qui m’a tout appris. Dion, tout de blanc vêtue, reprend ensuite Where does my heart beat now, idée de génie, et délicieuse interprétation montrant qu’elle n’a jamais perdu la puissance vocale de ses débuts. Les écrans géants centraux diffusent des images d’elle et de ses différents looks depuis le début de sa carrière à maintenant. Le second bémol du spectacle est une nouvelle fois dans le choix des chansons. Goldman lui a fait énormément de tubes dans chacun de ses albums, mais avouons-le, certains ont moins marchés que d’autres. Alors, comment et pourquoi préférer Je crois toi et Terre, deux chansons qui n’ont pas vraiment eu d’écho lors de leur sortie en France, à la place de Zora sourit par exemple ? Et de S’il n’en restait qu’une, pas de Goldman certes, mais qui a connu un plus grand succès ? Idem pour Ziggy, au clip pas vraiment utile. Si Dion voulait faire un clin d’œil mérité à Luc Plamondon pour toutes les chansons qui lui a écrites, il aurait mieux fallu reprendre L’amour existe encore, ou/et surtout Que toi au monde du dernier album français qui met tellement mieux sa voix en valeur et montre toute la beauté de celle-ci. Cela aurait montré que Plamondon, depuis bien longtemps dans le métier, a encore des milliers de talents cachés. Dion nous offre ensuite deux chansons de son nouvel album anglais : Loved me back to life et Water and flame, dont elle changera l’ordre pour les trois derniers shows. Un standing ovation a lieu au début de S’il suffisait d’aimer. Si ce n’est pas la première ovation depuis le début du spectacle, c’est la première que Céline fait durer. Elle nous en redemande même. Peut-être donc, ici, le 3ème bémol du spectacle. Habituée à des shows à Vegas laissant peu de place aux improvisations, Céline oublie un peu de laisser le public participer, de jouer avec lui, et de le faire chanter. Elle y pensera aux deux derniers shows, peut-être parce que ce sont les derniers avant longtemps…
La 3ème partie débute sur les notes d’ All by myself. Le solo piano est joué et la voix de Céline s’empare une fois de plus de la salle. La note, tant attendue, est hallucinante, et toujours encore plus chaque soir. Céline nous chamboule, nous émerveille. Tout Bercy est debout, bien avant la fin de la note même, hurlant sa joie (cachant même la voix de Céline, dommage…). Puis, la fosse se colle à la scène pour les cinq chansons finales : J’irai où tu iras, Love can move mountains, et sa reprise flamboyante de Tina Turner avec River deep, mountain high (une bête de scène ne peut reprendre qu’une bête de scène). Ses 13 musiciens et 3 choristes la rejoignent pour saluer. Dans cette 4ème partie, Céline nous revient dans une robe lui donnant une allure de sirène. La flûte entame My heart will go on. Le public est en délire une fois de plus. Le samedi soir, un problème technique a rendu inaudible la voix de Dion. Elle reprendra la chanson dès le début une fois les soucis réglés. Peu d’artistes auraient repris la totalité de la chanson, aux souvenirs que j’ai d’autres concerts ayant connus des problèmes similaires. C’est là qu’on voit le respect de Dion pour son public et qui explique l’histoire d’amour depuis pratiquement 20 ans. C’est aussi ce qui fait vraiment d’elle une star. Après avoir remercié tous ses auteurs-compositeurs et en particulier Goldman, elle chante Pour que tu m’aimes encore. C’est à cet instant que l’on comprend toute l’ampleur de cette chanson. Dans le public, pas une personne ne connait pas les paroles, même les gens venus pour faire plaisir, même les enfants, même les grands-parents. Le public chante à-tue-tête avec Céline qui fait durer le plaisir.
Le concert s’achève ensuite comme il a commencé par un extrait un peu plus long de Je ne vous oublie pas, a capella, un peu comme si elle voulait qu’on lui pardonne d’avoir mis 5 ans à revenir, de repartir à Vegas où elle a signé jusqu’en 2019 (elle aura 50 ans), et donc de ne pas revenir avant un grand moment… Un dernier au revoir de la main, des baisers envolés, et Dion disparaît de la scène. Les lumières se rallument au bout de deux petites heures qui auront paru quelques minutes. La magie et le talent de Dion nous aura frappés. Sa voix nous aura envolés vers des bonheurs intenses et magnifiques.
Alors, aux critiques et aux jaloux, qu’on n’aime pas le personnage, ses mimiques, sa gestuelle, c’est acceptable. Par contre, dire qu’elle ne mérite pas son succès, qu’elle n’est pas grand-chose dans le monde musical, car on n’aime pas son style, est de l’illogisme pur et simple. Dion est une championne, une battante, une vraie artiste. Son instrument est sa voix, et elle en a la pleine maitrise. Peu d’artistes par les temps qui courent remplissent des salles de concerts comme elle le fait. Peu d’artistes ont des centaines de fans à la sortie de son hôtel. Etre populaire ne fait pas le succès, ne prouve pas le talent ? Oui, quand on ne l’est qu’un temps, quand on est éphémère et que l’amour du public ne dure que le temps d’une chanson, d’un album. Mais, non, il le prouve quand le succès dure depuis plus de 20 ans, comme c’est son cas. 7 soirs pleins à craquer, 7 soirs de foule en délire. 7 soirs d’émotions. 7 shows identiques (comme tous les artistes faisant une tournée) aux bonheurs différents et magiques. 7 shows d’une artiste au sommet de son art depuis près de 20 ans, et pour encore très très longtemps…