Quatre ans après Sans attendre, Céline Dion revient avec l’album français Encore un soir.
L’album commence avec Plus qu’ailleurs, écrit et composé par deux grands de la chanson française que sont Francis Cabrel et Serge Lama. Céline Dion chantant ces deux-là, on se dit que la chanson va être magique. Pourtant, non, malheureusement, pour une première chanson, le mélange du talent des trois n’opère pas vraiment. La ligne mélodique de Cabrel oblige Céline à montrer le côté un peu, parfois, nasillard de sa voix, ce qui ne lui est pas à son avantage. Quant au talent de la plume de Lama, elle n’agit pas vraiment. Lama est bien loin de ce qu’il nous a habitués. Pour une première chanson, on est un peu déçu, et on passe, pressé, à la suivante.
La seconde chanson L’étoile nous rassure. Le rythme nous donne envie de bouger et de nous évader. Il est signé de Florent Mothe (connu pour son rôle dans la comédie musicale Mozart, l’opéra rock) et du groupe Mutine. Les paroles sont de Grand Corps Malade (déjà présent sur Sans Attendre, avec La mer et l’enfant), et la poésie de celui-ci colle parfaitement à la délicate voix de Céline. Quelle belle idée a-t-il eu de donner une étoile au creux des mains de Céline, au creux de sa voix. On hésite même à la réécouter avant de passer à la suivante.
Ma faille est la troisième chanson. Dédicace pour ses enfants. Céline chante « tu seras ma bataille, mon armure ma faille ». Alors, si la chanson est touchante par cet aspect, ça ne va pas plus loin. Les mots comme « Pagaille » et « K.O » ne font vraiment pas partie du répertoire de Céline. Pire, imposer à Céline un « oh » en fin de phrase pour faire rimer avec « dos » un peu plus loin, ce n’est absolument pas intéressant dans l’interprétation. Le côté nasillard reproché en première chanson bat son plein. Pour la première chanson de l’album écrite par Zaho, on zappe rapidement.
La quatrième chanson est déjà connue, puisqu’il s’agit d’Encore un soir, le premier single. Jean-Jacques Goldman n’a plus rien à prouver depuis longtemps. Quand il en a envie, quand il se décide, il écrit des merveilles, et cette chanson en est une. Tout y est parfait. Les paroles nous font frissonner comme avec « … Allez, face à l’éternité, ça ne va même pas se voir… », ou encore « … Je donne ma place au paradis, si on m’oublie sur Terre… » La musique donne ce qu’il faut d’émotion mais sans tomber dans le drame et soutient la voix de Céline comme il se doit dans cette délicate chanson pour René, son manager et mari, décédé en janvier dernier.
La cinquième chanson est Je nous veux. Les paroles sont de Nelson Minville, la musique de Marc Dupré. Si le premier nous est totalement inconnu, le second n’est autre que le beau-fils de Céline et un chanteur-auteur-compositeur très connu au Québec. Cette chanson parle du futur, d’avenir. Que voudra Céline quand elle aura fait le tour de sa carrière ? Céline nous veut « près du cœur ». Tendre chanson, avec une mélodie simple mais subtile, on aime cette jolie déclaration d’amour à sa famille. Et, on se dit que l’album devient plutôt bon.
Pour la sixième chanson, Les yeux au ciel, on retrouve le même trio de la seconde chanson. Le texte, pour son fils ainé, est bien sûr délicat et poétique puisqu’il est signé Grand Corps Malade, mais la musique signée Florent Mothe et Mutine est assez faible par rapport au texte, et la répétition des mots comme dans « Comment, comment faire… » aurait pu mieux passer avec une mélodie plus forte. On aime bien mais sans plus.
On retrouve Jacques Vénéruso pour la septième chanson avec Si c’était à refaire. Il nous offre une très belle ballade, bien loin de Parler à mon père qui était une chanson beaucoup trop commerciale. Le texte, signé d’une jeune parolière (dans l’âge uniquement), Alice Guiol, est magnifique. Cette chanson est un questionnement sur la vie. Si c’était à refaire, referions-nous pareil ? Changerions-nous quelque chose ? Céline non, elle ne changerait rien, et c’est tant mieux car tout son vécu est une des raisons de l’amour qu’on lui porte. Cette chanson, dans la lignée d’un hommage à René, est le nouveau single (en France).
La huitième chanson est une reprise de Claudine Monfette et de Robert Charlebois. Il s’agit d’Ordinaire. Les paroles sont féminisées, remaniées pour être, avouons-le, un peu plus classes que les originales. Si la chanson et la voix de Céline sont sublimes, il est dommage que la musique soit un peu trop puissante, comme en concert d’ailleurs, puisqu’elle l’a chantée à Bercy en juin et juillet dernier. Malgré cela, on aime, et on met plus fort pour que la voix de Céline nous émerveille un peu plus.
Tu sauras est la neuvième chanson. La rythmique est assez répétitive, la voix encore une fois trop nasillarde n’est vraiment pas top. Tout cela fait qu’on a du mal à comprendre tout ce qui est dit, ce qui est dommage car les paroles semblent plutôt intéressantes. Le refrain est vraiment… moche. Décidément, Zaho et Ludovic Carquet, son compère, ne sont pas les meilleurs auteurs-compositeurs pour la voix de Céline.
On arrive déjà à la dixième chanson, et enfin à LA perle de l’album. Toutes ces choses, de Nelson Minville et Marc Dupré, est juste sublimissime. Les paroles comme la mélodie sont simples mais d’une tendresse infinie. La douceur de cette chanson nous touche, nous donne des frissons, nous donne la chair de poule. « … C’est le temps qui s’enfuit, c’est l’amour qui s’en va… ». Chanter la vie, chanter la vie de tous les jours est parfait pour la voix de Céline. Il n’y a pas de notes hautes dans cette chanson, Céline ne tient pas de notes pendant des secondes interminables et pourtant… Ce n’est pas seulement la meilleure chanson de l’album, c’est aussi l’une des plus belles de toute sa carrière.
Après une chanson pareille, il en fallait une qui tient la route, et c’est plutôt ce qui se passe avec la onzième chanson qu’est Le bonheur en face. Céline cherche le bonheur et nous rappelle que le bonheur « il est toujours plus près qu’on ne le croit… » Cette jolie ballade est signée par Mutine et Florent Mothe.
A la plus haute branche est la douzième et dernière chanson de l’album. Elle est l’œuvre d’un auteur-compositeur inconnu, Daniel Picard. Cette chanson fut choisie parmi plusieurs milliers de titres envoyés à la production de Céline Dion après que celle-ci ait demandé à la Terre entière de lui envoyer des chansons. Le sujet n’est pas simple, et pourtant on remercie Daniel Picard de faire chanter Céline sur ce thème, délicat et inchantable qu’est le suicide « Pendu à la plus haute branche… » Comment se reconstruire quand on reste après un tel drame ? On ne sait pas mais on le fait, car c’est la vie. Un piano-guitare-voix qui est juste parfait. Une des plus belles de l’album. Comme quoi, avoir un nom ne fait pas tout, il faut surtout avoir du talent…
La version Deluxe de l’album comprend trois chansons supplémentaires. A vous est une chanson pour ses fans, un peu dans le même genre que Je ne vous oublie pas, mais il faut l’avouer plus entrainante et aux paroles moins niaises. On imagine un peu une version live qui mettrait la foule en délire. Le petit bémol reste toujours le même que sur les autres titres signés Zaho, à savoir le côté un peu trop nasillard de la voix de Céline, cette voix pourtant si belle habituellement…
Ma force tient bien son nom puisque c’est vraiment une force dans cet album. La chanson aurait mérité de figurer sur la version simple de l’album, et pas uniquement sur le Deluxe. Signée Vianney, la mélodie colle parfaitement aux paroles. La voix de Céline se mêle à tout ça pour nous donner une belle chanson, entrainante, motivante, qu’on réécoutera avec plaisir.
La dernière chanson n’est juste qu’une re-masterisation de Trois heures vingt, écrite par le talentueux et regretté Eddy Marnay, il y a plus de 30 ans. En effet, cette chanson figurait déjà sur l’album Mélanie, le sixième album de Céline, sorti en 1984. Une nouvelle fois, c’est une chanson en hommage à René, puisqu’elle fut jouée lors de ses funérailles.
Ainsi, si cet album ne marque pas un tournant dans sa carrière pour le côté musical, l’essai RnB n’étant pas du tout convaincant, il n’en est pas moins un album majeur puisque c’est le premier album depuis le décès de son mari et producteur René Angélil. Ce nouvel opus est donc sans aucun doute en quelque sorte un hommage à l’homme qui a crû en elle, qui l’a façonnée, qui en a fait la star planétaire qu’elle est, et au père de ses enfants. Cet album montre combien René Angélil était un homme qui s’y connaissait en musique, puisqu’il est sûr que s’il avait été là, certaines chansons n’auraient jamais été prises pour cet album, et l’ordre des chansons auraient été modifié pour y créer une homogénéité qui manque cruellement à cet album.
Céline Dion s’apprête à sortir un nouvel album anglais. Elle travaille à nouveau notamment avec Diane Warren et Sia. Adele est annoncée. Le premier single Recovering, signé de Pink, laisse présager un très bon album.