Six ans après l’album Les Grands Espaces qui fut un succès moyen et trois ans après son magnifique album de reprise du grand Serge Reggiani avec Merci Serge Reggiani, Isabelle Boulay revient avec un nouvel album ayant pour titre En Vérité, réalisé pratiquement en intégralité par Benjamin Biolay, comme pour le dernier opus de chansons originales. Raphaël réalise ses deux chansons Tout sera pardonné et Guerre civile.On se laisse tranquillement bercer par les ballades romantiques que les divers auteurs et compositeurs lui ont offertes. Effectivement, Biolay lui a écrit Mon amour (la supplique) et Toi, moi, nous. Si l’idée du second texte est plutôt sympa, il n’y a rien de vraiment merveilleux dans ces chansons. Il en est de même pour Nashville de Cœur de Pirate, La route avec lui de Didier Golmanas. Il faut donc attendre la moitié de l’album pour se sentir enfin émerveillé pour la douceur d’Un souvenir de La Grande Sophie. Cette chanson signe leur première collaboration et il est fort à parier que ce ne sera pas l’unique, tant la délicatesse de La Grande Sophie va parfaitement bien à la voix d’Isabelle Boulay. S’ensuivent quelques titres tous aussi beaux et délicieux les uns que les autres. Quand Julien Clerc met en musique les mots de Carla Bruni, on sait qu’on a toujours une chanson touchante et réussie. C’est donc le cas avec Un garçon triste « qui s’éblouit simplement d’exister ». Le très poétique Voir la mer de Louise Verneuil et Flavien Compagnon et En vérité, à nouveau de Didier Golmanas, sont les bijoux de l’album. Ils sont suivis par une très belle reprise de Les mains d’or de Bernard Lavilliers. L’album compte d’ailleurs deux autres reprises, une en anglais avec Won’t Catch Me Crying de Willie Nelson et une en italien avec Una storia d’amore de Jovanotti. L’album se finit par une réflexion sur la vie avec Le train d’après d’Alex Nevsky. Isabelle se demande ce qu’elle aurait été si elle avait pris le train d’après.
Cet album d’Isabelle Boulay est donc un joli album pour renouer avec son propre répertoire. Il est toutefois dommage que l’album manque de cohérence et qu’il y ait un véritable déséquilibre entre les premières chansons et les suivantes. Il n’en reste pas moins qu’Isabelle Boulay est une interprète qui peut tout chanter, du bon comme du moins bon, en passant par quelques pépites d’or. C’est donc pour cette raison, pour cette voix sublime à la brisure parfaite qui laisse place à une émotion intacte et indélébile qu’on aime cet album. Et puis, on le sait, Isabelle Boulay est une artiste de scène, et il est sûr qu’une fois sur scène, elle saura rehausser le niveau de cet album. Ainsi, comme elle le chante elle-même, dans cette chanson écrite par Raphaël, Tout sera pardonné..